La rentrée musicale strasbourgeoise sera metal ou ne sera pas !
Deux albums sortent, impliquant pour l’un deux groupes majeurs du metal alsacien des 15 dernières années, pour l’autre un groupe iconique du metal des années 80.
Commençons par Sapiens. Ce projet n’est pas à proprement parler strasbourgeois ou alsacien, mais deux groupes bien de chez nous y ont activement participé, par certains de leurs membres : Black Bomb A et Los Dissidentes Del Sucio Motel.
Ils retrouvent dans Sapiens des membres de Hangsman Chair (ze révélation stoner française), Bukowski, Psykup et quelques autres représentants du rock-qui-te-pète-les-tympans. Et surtout, une valeur absolue du genre en France : Lofofora !
Bref, ça va tout péter !!!!!! Hé bien non ! Les garnements ont décidé de la jouer « je fais des ballades au coin du feu pour épater les filles »… Et ça marche ! Et pas qu’un peu ! En anglais ou en français, les compos vont tirer des larmes au plus bourru des fans de death metal finlandais ou au plus reclus des auditeurs de black metal slovène. Les chansons ici proposées sont toutes composées et arrangées avec une finesse exceptionnelle. On flirte même parfois avec le rock progressif, c’est dire. A l’entrée de l’automne, cette douce et tendre mélancolie fait mouche (et un peu sourire en imaginant les interprètes, hors pour certains de leur zone de confort vocal, et pourtant ultraprécis sur chaque note).
Sapiens, c’est un album et un projet qui rejette toutes les critiques anti-artistiques faites aux musiciens metal. Acheter ce disque, l’écouter et en parler autour de soi est donc un acte militant pour la reconnaissance du metal, dans un pays où il est bien trop ostracisé. (D’autant plus bêtement une année où Tool aux USA détrône Taylor Swift du sacro-saint Billboard ou encore une année où Metallica s’impose comme le plus gros groupe de tournée depuis 1982 devant U2…).
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Avec Mystery Blue, on touche une légende. Une vraie. Un groupe culte s’il en est. Pourquoi ? Parce que pour le grand public, le gang mené depuis une quarantaine d’années par Frenzie Philippon est quasi inconnu. Alors que pour les fans de metal, principalement de NWOBHM genre Iron Maiden & co, c’est l’un des groupes français les plus importants, les plus historiques. Jugez par vous-même : qui, hors Mystery Blue, peut se targuer d’avoir eu Lemmy (Mötörhead) en inné-son le temps d’un concert ? Peut se vanter d’avoir ouvert pour Ozzy Osbourne à sa plus grande époque artistique (sa plus grande époque people proto-Kardashian étant tout autre chose, hein !).
L’originalité de Mystery Blue v.2 est d’avoir choisi une chanteuse, depuis une vingtaine d’années. Et pour qui connaît un peu Nathalie, c’est Dr. Jeckyll & Mrs Hyde : dès qu’elle chante, elle se transforme au choix en harpie ou en walkyrie, même si certaines chansons lui donnent la possibilité de jouer de son charme vocale, plus en douceur. Côté musique, c’est du panzer-style : une rythmique puissante et précise comme un coucou suisse, et des soli de guitare à faire pâlir quelques poseurs yankees. Parce que oui, Mystery Blue est un groupe français. Comme ces basketteurs qui ont mis une fessée à l’armada US aux derniers championnats du monde. Une r-é-f-é-r-e-n-c-e !!!
8Red est de ces albums qui ne sont pas à la mode, et ne seront donc jamais démodés. Ils ne permettront pas au public déjà rétif de comprendre le metal, mais seront dans les playlist de l’année, voire plus, de tout metalleux qui se respecte. Du bon gros miel pour les oreilles averties, un « doux » élixir pour laisser éclater sa rage dans les embouteillages ou après une sale journée au travail. Un « p… » de grand disque, tout simplement !