Un an après la disparition de Johnny Hallyday, il était évident qu’un nouvel hommage lui serait rendu.
Ce sera dimanche à Paris, en l’église de La Madeleine, là même où avait eu lieu l’hommage national l’an dernier.
Loin des polémiques sur l’héritage et autres, cet hommage sera notamment l’occasion de redécouvrir quelques unes de ses chansons mais avec une interprétation inédite, puisque faite par des chanteurs lyriques.
Parmi ces interprètes, on retrouve le ténor strasbourgeois Paul Gaugler.
Plus habitué au répertoire de Bizet, Donizetti ou Puccini, ce lauréat du prestigieux prix Bellini (2012) va se frotter au rock. Paradoxal ? Pas tant que ça, à en croire le chanteur alsacien.
Tu es habitué à l’interprétation d’un répertoire classique : comment t’es-tu retrouvé à chanter les chansons de Johnny Hallyday ?
Un jour, Sorel m’a téléphoné pour me présenter son projet Johnny Classic (voix lyrique et orchestre symphonique) sur lequel il travaille depuis plus de 2 ans. Je n’avais vraiment aucune idée de ce que cela pouvait donner. Nous nous sommes rencontrés, avons tout de suite accrochés et après quelques essais, j’ai été convaincu !
Comment se déroulera cet hommage, dans les grandes lignes ?
L’hommage, prévu de 11h00 à 13h00, commencera par une messe et se poursuivra en discours. Puis, à 12h30, nous ouvrirons la partie musicale et passerons le relais à un choeur Gospel.
Quelle(s) chanson(s) vas-tu interpréter ?
Avec mes amis Emilien Marion et Vincent Simonet, nous chanterons : Oh Marie, Ma religion dans son regard et Vivre pour le meilleur !
Le ténor strasbourgeois Paul Gaugler (photo Ledroit-Perrin)
Y’a-t-il pour un chanteur lyrique des difficultés particulières à prendre un répertoire plus variété/pop/rock ?
Pour ce projet, nous gardons l’émission vocale lyrique, par contre l’approche musicale est complètement nouvelle. Dans le classique, nous travaillons sur des partitions où les compositeurs notent leurs musiques avec une très grande précision. Alors que dans le répertoire variété/pop/rock, quasiment tout se fait à l’oreille ! De plus, la part de l’interprétation est bien plus libre. Pour le répertoire de Johnny, j’ai d’abord essayé de travailler avec ma méthode habituelle, mais cela ne fonctionnait pas du tout ! J’ai du changer complètement d’approche, ce qui a été très enrichissant.
Pour toi, que représente Johnny Hallyday ?
Johnny Hallyday est un lion magnifique ! Charisme ahurissant, réussite, combat, générosité, mais surtout puissance émotionnelle immense. C’est aussi pour moi la nostalgie d’une époque bénie que je n’ai pas connue.
Tu fais partie d’une génération de chanteurs/chanteuses lyriques qui ont grandi avec le rock, le rap, la techno. Sens-tu une différence dans l’approche des musiques différente de celle de vos aînés ?
Mon impression est que l’écoute est plus vaste aujourd’hui. Pour ma part, je suis bien plus marqué par des artistes variété/pop/rock. Nous, musiciens classiques, ne sommes que des interprètes de musiques déjà jouées tant de fois, même si nous avons parfois la chance rare de participer à une création (cela m’est arrivé cet automne en chantant le rôle de Victor dans Guru, dernier opéra de Laurent Petitgirard). Tandis que la musique variété/pop/rock est indissociable de l’artiste qui l’a créée. Il n’est pas toujours aisé de se jouer de l’étiquette, mais ce qui est certain, c’est que le musicien gagne considérablement à jouer dans plusieurs genres et styles différents de musique. Et s’il peut sortir de sa discipline pour en explorer d’autres (la danse, la comédie, etc…) c’est encore mieux !
Quelle est ton actualité plus personnelle sur les prochains mois ?
Début 2019, je chanterai le rôle-titre Dante de Benjamin Godard à l’Opéra de Saint-Étienne. Un événement, car l’oeuvre n’a pas été remise en scène depuis sa création en 1890 à Paris !
Ensuite, je chanterai Bouboulov, le rôle principal dans l’opéra L’Incroyable Histoire du Chien rouge, création d’Ekaterina Nikolova au Point d’Eau à Ostwald. Plusieurs concerts dont un pour le 70e anniversaire du Conseil de l’Europe. Le rôle de Spakos dans Cléopâtre de Massenet, Salle Cortot à Paris. Le ténor soliste du Requiem de Verdi en tourné avec l’Orchestre d’Avignon. Le Messager dans Le Démon de Rubinstein et un récital à l’Opéra national de Bordeaux…
Paul Gaugler dans son répertoire classique habituel