Elle n’est pas de notre époque, Christel Kern. Ou bien, elle veut s’en échapper, le temps d’une respiration, d’une ligne de notes, d’une mélodie, puis finalement d’un album. La Demoiselle Rose qui ouvre l’album : c’est elle. Qui ne l’a pas vue porter du rose ne l’a jamais rencontrée. Et elle met les choses au point dès les premières paroles, sur une musique rappelant les années folles « Pas de méprise, pas de politique, que de l’amour pour le public (…) même quand c’est noir je broie du rose ».
Elle n’est pas superstitieuse, Christel Kern. Elle propose 13 titres sur ce troisième disque. Et la connaissant un peu, je gagerais que si elle n’est pas superstitieuse, c’est parce que ça porte malheur.
Elle est inspirée, Christel Kern. Inspirée par Barbara pour les mots, Piaf et Django pour la musique, Kaas pour la mise en accords (assez flagrant, cette familiarité, cette sororité, sur les graves de Love de You), Gainsbourg pour triturer les titres (L’âmusique, qui renvoie sur un premier coup d’oeil à l’anamour de Monsieur Serge, Elle se marelle, Trisogyne).
Elle chante, Christel Kern. Mais pas que. Chaque chanson est surtout l’occasion de mettre en musique une histoire, une tranche de vie, de faire entrer l’auditeur dans sa confidanse (oui, jeu de mot, pas faute de français, sur internet et les réseaux sociaux, il convient désormais de préciser, au cas où…). Et elle se lâche, elle pète les plombs, aussi (Trisogyne).
Elle voyage, Christel Kern. De studio en studio (A Paris, Londres, Bruxelles pour l’enregistrement), et autour du monde en chanson (La chatte d’or, et sa rythmique bossa nova imparable. Les Miaou à la fin de la chanson aussi sont imparables, dans leur genre !)
Elle émeut, elle séduit. Aussi. Le piano doux et mystérieux de « Nos enfants de la Lune » est un moment suspendu dans l’écoute du disque. Plus parlé que chanté, tout en nuance, en confidence, en espérance.
Elle sort un nouvel album, Christel Kern. Il s’intitule A Fleur d’Ame. Et vous devez vous le procurer !