Gaël Faure a publié fin 2017 son nouvel album, « Regain ». Une collection de chansons dans un univers rare en France, tenant à la fois de la musique folk et de la musique pop. Une sorte d’album de folk moderne à l’américaine, mais interprétée en français. Ancien candidat de la Nouvelle Star, Gaël Faure s’est aujourd’hui largement affranchi de cette étiquette. L’artiste viendra présenter ses chansons le 18 août prochain dans le cadre du festival Summerlied à Ohlungen. Nous l’avons rencontré en avant-première. Discussion avec un garçon qui garde les pieds sur terre et l’amour de la terre.
Qui es-tu Gael Faure ?
Hé bien je suis un jeune qui n’est plus vraiment jeune, puisque je viens d’avoir 31 ans. J’ai l’impression d’être quelqu’un qui s’émerveille, qui ressent les choses de manière assez intense, que ce soit dans la joie ou autre. Je suis assez entier, d’où ma sensibilité pour faire de la musique. Je suis un chanteur, auteur, compositeur, interprète. Et un humain, avant tout.
Ton dernier album, « Regain », a été publié il y a quelques mois. Quel est ton regard sur ce disque, avec cette période de recul ?
Je dirais de la bienveillance, à savoir qu’on est dans une époque où l’on peut à la fois tout dire et ne rien dire du tout. J’ai essayé d’y mettre de ma sincérité, consciemment aussi de la naïveté. Ce n’est pas toujours facile de se rapprocher de soi. C’est un album que je vois plus comme une thérapie, avec des notions que je vois importantes : introspection, savoir rester à sa place, tenter de rendre ce monde meilleur.
Sur les thématiques il y a la nature (« Colibris »), l’humain avec cette chanson sur un peuple népalais, les Tamang (« La saison » ) et de manière transversale le voyage…
Transervsal, oui, mais surtout cohérent : l’humain, la nature, le voyage… J’ai voulu rester vers des chansons qui vont vers le corps (« Ereinté »), et on a le sentiment que la société prend conscience de la vie qui va vite, et j’ai voulu faire des chansons sur ça. Comme « La belle échappée », cette vie qu’on voit un peu passer comme un train et on décide ou pas d’arrêter ce train pour y monter. Et puis il y a aussi des chansons d’amour, des chansons proches de l’humain et de la terre, des éléments. Oui, le peuple Tamang, cette société ou ces modes dont on s’est éloignés depuis trop longtemps.
On vit une époque assez bouleversante. J’ai l’impression qu’il y a paradoxalement autant de très belles choses qui se passent que de choses catastrophiques. Notamment, et je ne le dirai jamais assez, le réchauffement climatique, la déforestation ! Mais bon, bref, c’est autre chose, mais ça me touche !
Et ça nous emmène dans une forêt encore là et bien là, la forêt d’Ohlungen, où tu te produiras à l’occasion du festival Summerlied. J’imagine que pour toi c’est un écrin parfait !
Oh oui, oui oui !!!! J’espère qu’il fera beau. Je suis assez emballé. Je n’ai jamais vraiment joué dans une forêt, mais j’imagine qu’il y a des âmes particulières, des ressentis, des émotions. Même l’écoute, j’imagine, c’est différent. J’adore jouer dans des lieux atypiques. Ca évite l’écueil de la monotonie. C’est important, important. Je suis impatient !
Quel est le rendu live de tes albums : dépouillé ou tu en gardes les arrangements ?
Bonne question ! Moi je suis assez spontané, j’aime me laisser embarquer par les émotions, sur le moment. C’est aussi ça la magie de la scène. D’un coup si on a envie de faire une chanson plus proche du public, pourquoi on ne la ferait pas, peut-être ? On peut ressentir une dose d’énergie partout où l’on se produit. En plus à Ohlungen ce sera notre dernière date de l’été. Donc, je me laisse libre court à l’imagination sur le moment !
Il y a des « bons sorciers » qui se sont penchés sur toi : Dominique A, Piers Faccini (qui collabore au disque), la famille Souchon. Ca doit faire chaud au coeur ces soutiens !
C’est surtout moi qui suis allé les chercher (rires). Mais oui, ça fait plaisir parce que déjà ce sont des belles personnes, des personnes qui font un bien fou à la musique, aux mots et aux gens. Il y a un respect de cet art qu’est la musique, et c’est important pour moi.
Je peux écouter des choses moins précises, mais je suis attaché à ces gens qui font attention à ce qu’ils font, comment ils le font.
Piers Faccini, dans sa manière d’aborder la musique, j’ai l’impression qu’on est dans le même état d’esprit, un petit peu shaman, incantation, tournés vers les animaux, la nature, les choses vitales.
Après, les Souchon, c’est une famille très belle qui a fait beaucoup de choses depuis longtemps.
Et Dominique A, il est fou, il est super, il est punk. Je ne le connais pas beaucoup, mais ce que je retiens de lui c’est cette force, cette rage et cette bienveillance envers les autres. Ouais, c’est agréable d’être entouré de belles personnes comme ça.
A l’écoute de l’album « Regain », je dirais qu’il a une simplicité recherchée, et il m’a fait penser à des productions anglo-saxonnes comme Timber Timbre, Shearwater ou même le dernier Eels…
Oh ben, là ce sont des compliments déments ! Parce que ce sont d’immenses groupes ! Mais je comprends. Je comprends et je suis totalement d’accord avec ça, parce que mes influences sont davantage anglo-saxonnes dans la production en tout cas. Et j’ai aussi toujours beaucoup écouté de folk américaine. Il y a un mélange de tout ça, avec des synthés très 80s et des basses et batteries 60s très chaudes. Il faut rappeler que l’album a été enregistré avec Renaud Letang (Feist, Alain Souchon, Mathieu Boogerts, Renaud, Jane Birkin, etc.). Donc, c’est super, je suis ravi d’entendre ça !
La saison, extrait de « Regain », de Gaël Faure
Selon toi, que te manque-t-il aujourd’hui pour exploser totalement auprès du grand public ? Pas assez de concessions, peut-être ?
Oui, oui, oui. On va dire que si tu ne fais pas quelque chose qui t’emballe toi, c’est délicat de délivrer des émotions sincères. Moi je n’ai pas envie d’abdiquer pour un succès factice. Il est vrai que quand tu sors d’une émission comme j’ai fait il y a 13 ans (NDR : La Nouvelle Star, même promo que Christophe Willem), ça te montre des choses belles et d’autres que tu ne veux pas forcément.
Je crois que sur la question ce n’est pas à moi de répondre en fait. On est aussi dans une époque du buzz, du succès immédiat, cette époque instagram. C’est une époque qui n’est plus prête à certaines choses. Je me vois comme un artisan qui ferait en sorte d’amener des choses…
Je n’ai pas une approche intello. Je suis vivant, j’aime les belles choses. Mais il y a peut-être quelque chose aujourd’hui dans la société qui fait qu’on veut un peu rabaisser le niveau des gens. Ca m’attriste beaucoup. Ca fait des années que je n’arrive plus à regarder la télé. Les gens sont fatigués, on veut qu’ils ne se rebellent plus. Il pourrait y avoir des jolis films à telle heure, des jolies émissions des jolis documentaires. J’avais envie de monter un journal TV de bonnes nouvelles, d’astuces, de choses bien. Mais non, surtout pas ! Les radios ou tout ce qui est littéraire, on se rend compte que c’est partout pareil.
En fait, c’est de la fast-food music. Mais moi j’ai décidé de faire mon propre chemin, que je vois assez intègre. Mais je trouve que j’ai beaucoup de chance aussi. On fait de belles tournées, on a des beaux retours sur ce qu’on fait. Il y a quelques jours à Albi des gens sont venus me voir bouleversés pour me dire « merci pour ce que vous faites ! » et pour moi ça a plus de valeur que 200.000 followers sur Instagram.
Ca me fait un peu penser à une carrière à la Thiéfaine, très populaire mais sans beaucoup de passages TV ou radio jusqu’à il y a peu…
Ouais, bien sûr, bien sûr ! Cet album je l’ai vu comme quelque chose de bien, de bénéfique pour moi et de beau, et qui est aussi ressenti par des gens. C’est super.
Regain – Gaël Faure (crédits photos Charlotte Amarrow)
En concert à Summerlied (Ohlungen) le 18 août à 17h30
Renseignements / Réservations : www.summerlied.org
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