Fallait bien attendre la toute fin 2017 pour poser un regard et deux oreilles attentifs sur ce disque pas comme les autres, Rebel Camp de Pascal Holtzer !
Il y a des disques dont il est difficile de parler immédiatement. On ne sait pas forcément pourquoi. Il y a la difficulté des mots à poser, pour tenter de rendre justice à l’oeuvre.
C’est le cas de ce Rebel Camp fomenté par Pascal Holtzer. Un camp où le musicien invite quelques individus interlopes à le rejoindre, pour se raconter des histoires bizarres. Comme celle de ce « Running Jack », violeur et tueur en série, dans la tête duquel se promène toute cette bande, inspirée sans doute par les « Murder Ballads » d’un Nick Cave. L’Australien, mais aussi Lou Reed sont les figures tutélaires de la musique barrée, parfois malsaine, souvent vénéneuse de l’ensemble. Et côté français, ce sont les lettrés Gainsbourg, Bashung, Thiéfaine ou Kat Onoma (ah bon ? on y reviendra) qui s’annoncent aussi.
Tout ça pour poser le non-style du disque. Et sa dimension théâtrale, cinématographique. Là, ce sont David Lynch ou Jim Jarmusch qui surgissent de nulle part.
Pour une promenade dans un monde parallèle, quelque part entre le monde réel et l’underground, chez les non-morts, comme on disait à l’époque des vampires.
Toutes les plages ne sont pas ici chantées. Certaines partent dans des volutes jazz-rock bien barrées, d’autres convoquent King Crimson quand les dernières sont de rapides cut-up.
Oui, Rebel Camp est bourré de références. Mais de références pour auditeurs référents et différents. Capables d’apprécier la beauté du geste, de sortir de l’immuable carcan variété-pop d’une chanson calibrée radio. Il pourrait y avoir, éventuellement, ce single « Jazz Bottom », où l’ex Kat Onoma (tiens donc…) Pascal Benoit propose une liste de personnalités multiples, de « Henri Salvador Dali » à « Mickey L’ange », sur fond d’une trompette que n’aurait pas renié Angelo Badalamenti pour la saison 3 de l’extraordinaire Twin Peaks…
Autant le dire tout de suite, Rebel Camp est de ces disques qui n’auront jamais le moindre succès sur les antennes. Non. Et c’est ici un gage de grande qualité ! Le gage d’une forme d’innocence coupable face à un music business si puissant !
Parmi les rebelles invités par Pascal Holtzer, on notera Antoine Arlot, Luke Ashworth, Pascal Benoit, Bruno de Chénerilles, Manu Rack, Jack Reinhardt et l’Admirable Nelson. Qu’il me soit permis une digression à l’égard de ce dernier : « Va falloir vraiment penser à publier un jour des textes – comme ce « Cartouche 22 » imparable- vieille canaille. Si tu ne le fais pas, prends tes jambes à ton cou, sinon j’aurai ta peau, vieux chameau » !
Rebel Camp, vous l’aurez compris, n’est pas un disque abordable par le premier quidam. Non, il est une quête, un voyage au bout de la nuit, au bout de l’envie. Comme on dit dans ces cas-là, un chef d’oeuvre culte.
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