Sophy-Ann Pudwell s’est faite connaître dans une autre vie comme violoniste et choriste du groupe celtic-punk sélestadien The Moorings.
La voici de retour en solo, pour nous offrir un voyage dans ces petits bars qu’on trouve dans chaque port de Bretagne et d’ailleurs. Des bars où les hommes sont des marins, rudes, fiers, bourrus. Où les filles de port (« Je ne suis pas », complainte de l’une d’entre elles, qui fait plus en quelques lignes pour l’égalité sexuelle que toutes les manifestations Femen du monde) ne sont pas des princesses, mais pas non plus des catins. Et où le clin d’oeil est subtil à la Libertine de Mylène Farmer.
Les chansons de ce premier disque intitulé Valse tournent toutes ou presque autour de ces histoires de marin, contées par une voix de femme-enfant, mises en musique autour d’un violon, véritable deuxième voix tant on l’entend naturellement rire, pleurer, souffler.
Sophy-Ann Pudwell ne chante pas. Elle interprète les personnages de ces histoires, comme cette valseuse « femme-enfant », puis « plus femme qu’enfant » dont elle retrace la vie, elle qui a « valsé pour ne pas tomber ». Il y a dans les paroles de toutes les chansons la simplicité du coeur, mais aussi ces quelques jurons, parfois, qui claquent comme un fouet, tant ils sont mis en valeur.
Ne nous y trompons pas, s’il y a un esprit celtique évident, si l’on pense à ces fées parcourant les landes sur l’une ou l’autre chanson, on s’éloigne sur Valse de la musique celtique au sens propre du terme.
Sophy-Ann Pudwell navigue, c’est le cas de le dire, dans une mer aux couleurs changeantes, sous les falaises d’un continent onirique où l’attendent Maggie Reilly (« Moonlight Shadow », « To France » avec Mike Oldfield), Candice Night (du groupe Blackmore’s Night de l’ex Deep Purple Richie Blackmore), voire Kate Bush. Où le violon, la flûte, l’accordéon sont toujours à portée de main pour mettre en musique ces histoires de marins, de femmes seules, de bateaux fantômes et de monstres marins ou de landes hantées.
Deux reprises sont enfin au programme, « Galway girl » de Steve Earle, qui retrouve ses racines irlandaises, elle qui est née au pays de la country. Et « Foggy Drew », un standard de la musique irlandaise, popularisé en son temps par Sinead O’Connor avec The Chieftains.