Crossing Borders – Selia
Lorsqu’on débute une chronique par quelque chose de positif, très souvent ça cache des pensées plus assassines ensuite.
Quand on débute une chronique sur une note négative, c’est très souvent parce que ça va aller en s’améliorant.
Alors, gros point négatif de cet EP de Selia : c’est un EP. Donc, c’est trop court. 5 titres, dont une reprise.
Alors, c’est un faux négatif, vous l’aurez compris, puisque si le contenu était mauvais, on pourrait dire que 5 titres c’est trop long !
Vous suivez ?
Non ?
Pas grave, on va entrer dans le vif du sujet.
Selia propose une musique inspirée des scènes urbaines, mais avec ce petit plus vintage qui fait mouche, et surtout une maîtrise vocale établie, pour une si jeune personne. Elle appelle ça, à juste titre d’ailleurs, de la soul fusion, tant tous les courants de la musique noire sont ici intégrés et rendus intimes.
Dès le premier titre, Jungle Rule, et son emprunt rapide au Message in a bottle de Police, après un buzz d’abeille en intro, on entre dans un monde que les productions hollywoodiennes des dix dernières années ont tué : celui d’un RnB qui est une musique, pas un concept de maison de disque. Et pan, voilà un rap scandé façon Neneh Cherry, grande prêtresse du RnB haut de gamme ! Les parties chantées laissent entrevoir la puissance vocale et le côté femme enfant de l’interprète.
Crossing Borders, qui donne son titre à l’EP (trop court, pour qui n’aurait pas suivi !!!) laisse le champ au chant, et là c’est le fantôme de la regrettée Nathalie Cole qui plane, sur un rythme lancinant. Un groove tranquille qui laisse ensuite la place à LA reprise, pas des moindres, Fragile de Sting ! Dans le genre casse-gueule, c’est pas mal, tant l’originale est tout en sensibilité. Pari gagné pour Selia qui s’en empare avec classe, douceur et déférence , y mêlant un peu de saudade par endroits.
Sur What if, c’est le vieux qui parle. Celui qui a écouté, apprécié, au début des 90’s la jeune chanteuse américaine Shanice et son I love your smile. Ou, pour faire plus « grand public », un peu aussi de Des’ree. Un hymne groovy et très ancré 90s avec chœurs et cuivres qui donne envie de danser, de bouger, de sauter, bref, d’être heureux !
Melodies Inside conclue de façon plus jazzy cet EP (trop court, on ne le répétera jamais assez !)
Conclusion : c’est trop court (oui, encore !) et on attend l’album avec une impatience non feinte ! Et la frontière du succès lui sera grande ouverte.
Et pour le souvenir, Shanice !